par LUDOVIC FREYBURGER
DV, PhD
Maître de conférences en immunologie clinique Responsable de la clinique de médecine préventive
VetAgro Sup campus vétérinaire
La vaccination est un des piliers de la gestion sanitaire d’un élevage.
Par son implication fondamentale dans la gestion des risques sanitaires, elle permet de contrôler la dissémination des agents pathogènes responsables de maladies dont le retentissement économique est certain : du point de vue de l’animal mais aussi du point de vue du futur propriétaire concernant le statut sanitaire de l’élevage. Dans un contexte sociétal de remise en question de l’utilité de la vaccination, il est important de comprendre l’intérêt de la vaccination et d’y replacer les évolutions actuelles afin de pouvoir mieux les expliquer au futur propriétaire avant que celui-ci n’entre en contact avec un vétérinaire.
Par ailleurs, l’élevage d’un point de vue microbiologique est un environnement soumis à des risques particuliers : il existe une grande concentration d’individus de race, présentant par principe un système immunitaire plus restreint en terme de potentialité génétique. De plus de nombreux statuts physiologiques se côtoient allant du nouveau-né, à l’adulte reproducteur en passant par le jeune avant la séparation liée à la vente. La multiplicité des statuts a un impact également sur la gestion vaccinale, car chaque type d’individu n’est pas soumis aux même risques, ni aux même impacts sur le reste de l’élevage.
Les vaccins sont répertoriés en valence « core » et « non core » autrement dits essentielles et non essentielles qu’il s’agisse d’un élevage canin ou félin.
Les vaccins dits essentiels permettent d’instaurer une protection vis-à-vis de maladies majeures, contre lesquelles tous les chiens et les chats devraient être vaccinées. Particulièrement en élevage ces maladies (comme la parvovirose chez le chien, ou le typhus ou le syndrome coryza chez le chat) peuvent avoir un impact extrêmement important. Ces vaccins dont l’efficacité et l’innocuité est démontrée jouent un rôle majeur dans l’acquisition ou le maintien du statut sanitaire de l’élevage.
Les vaccins dit non-essentiels représentent des stratégies de gestion de maladies infectieuses pour lesquelles une vaccination systématique n’est pas recommandée uniquement en fonction de l’individu, mais surtout en fonction des facteurs de risques : c’est notamment le cas de la vaccination contre la chlamydiose chez le chat d’élevage, la vaccination contre le FeLV chez le chat en contact avec des congénères à risques, ou les vaccinations contre l’herpesvirose et le syndrome toux de chenil en élevage canin.
Afin de guider les pratiques vaccinales dans différentes situations de vie, et d’aider à la réflexion, des lignes directrices sont régulièrement publiées par des groupes d’experts, permettant d’aider à la constitution des arbres décisionnels. Ces lignes directrices sont principalement fournies par les organismes suivants :
- Concernant la vaccination du chat : l’ABCD dont les recommandations sont émises par des experts européens (dernières recommandations datent de 2015) et l’AAFP, pour les USA (dernières recommandations 2013)
- Concernant la vaccination du chien : l’AAHA aux USA avec des recommandations de 2017,
- Concernant les 2 espèces : la WSAVA de portée mondiale avec des recommandations de 2016.
LES PRINCIPALES NOUVEAUTÉS REPOSENT NOTAMMENT SUR LES PROTOCOLES À METTRE EN OEUVRE
1) Nombre d’injections dans le protocole de primovaccination : en fonction de la date de début des vaccinations, le protocole se compose de 2 ou de 3 injections avant la dernière injection du protocole de primo-vaccination à un an. Cela tient notamment compte de la période critique vaccinale, non maitrisée, pendant laquelle la réponse immunitaire maternelle inhibe la vaccination d’une part non négligeable des individus vaccinés.
2) Durée de l’immunité et l’espace entre 2 rappels : en fonction des maladies et des stratégies vaccinales offertes, et en lien avec le point précédent, la plupart des valences core peuvent être administrées avec un rappel à 3 ans. Ceci est bien sûr à discuter en fonction de l’analyse de risque dans une situation donnée et doit pouvoir être nuancé au cas par cas.
C’est donc en connaissance de ces différentes évolutions qu’il convient de mettre en oeuvre la stratégie prophylactique de gestion des maladies infectieuses, qui doit s’inscrire dans une démarche raisonnée, tenant compte de l’ensemble des autres paramètres de la médecine préventive.
BIBLIOGRAPHIE
HOSIE MJ et coll. 2015 ABCD recommandations for indoor/outdoor cats, rescur shelter cats and breeding catteries. J Fel Med Surg (2015) 17:583-587DAY M et coll. WSAVA guidelines for the vaccination of dogs and cats. J Small Anim Pract (2016) 57:1-45SCHERK MA et coll. 2013 AAFP Feline vaccination advisory panel report.J Fel Med Surg (2013) 15:785-808
2017 AAHA Canine Vaccination Guidelines Consultable sur le site : https://www.aaha.org/guidelines/canine_vaccination_guidelines.aspx Dernier accès le 21 septembre 2017
PRATIQUEVET numéro spécial médecine préventive – octobre 2016.
DÉCLARATION PUBLIQUE D’INTÉRÊTS SOUS LA RESPONSABILITÉ DU OU DES AUTEURS : Non communiqué
Source : Rencontres AFVAC 2017
Synthèse de la table ronde du 22 novembre 2017:
Un vaccin correspond à un agent pathogène. On cherche à obtenir une réaction à cet agent pathogène.
Chaque agent pathogène a une réponse spécifique.
Le chaton nait avec un système immunitaire.
Le placenta joue le rôle d'un filtre : 5 à 10% des anticorps le traversent.
Le colostrum est primordial pour l'acquisition des anticorps maternels.
Après 4 heures, il y a deux fois moins d'anticorps dans le colostrum. Ils disparaissent après 24 heures. (chez le chiot)
La période critique se situe principalement entre 2 et 3 mois.
Immunité Passive Active Naturelle Artificielle Naturelle Artificielle Colostrum Sérothérapie Infection Vaccination
Protocole 3 vaccinations type :
première injection entre 7 et 9 semaines
deuxième injection entre 3 et 5 semaines plus tard
troisième injection entre 3 et 5 semaines plus tard, vers 4 mois.
Rappel, un an plus tard.
En élevage, rappel Coryza tous les ans, rappel Typhus tous les 3 ans.
La vaccination est elle à adapter à chaque individu ?
Il faudrait vacciner systématiquement à 2 - 3 - 4 mois, même si cela est discutable pour chaque individu.
On conseille de vacciner contre typhus, coryza et leucose, mais une seule maladie est réglementée : la rage.
La variabilité correspond à l'écart admissible de la vaccination, par rapport à la date théorique.
Pour les 3 premières vaccinations à 4 semaines d'intervalle, la variabilité est de 1 semaine. => De 3 à 5 semaines.
Pour le premier rappel annuel, la variabilité est d'un mois.
A partir de 2 ans, la variabilité est de 6 mois.
On s'oriente actuellement vers un décalage du rappel, non plus à 1 an, mais à 6 mois.
Effets de la vaccination :
90% ont une bonne réponse à la vaccination.
5% ont une sur-réponse, ce qui cause un problème.
5% n'ont pas de réponse immunitaire.
Il faut se rappeler que les 90% d'individus protégés protègent les autres !
(les chiffres donnés sont volontairement erronés, seul le principe est à retenir)
La réponse vaccinale est amoindrie par la sélection effectuée par les éleveurs.
On estime à 20 ou 25% les indivdus qui n'ont pas eu de réponse immunitaire à 3 mois.
Les titrages arrivent sur le marché, mais ils sont peu représentatifs pour l'instant.
Ils pourraient servir à vérifier la réponse vaccinale.
Il faut remonter les cas de calicivirus aux laboratoires. C'est un virus qui mute, le vaccin doit être adapté continuellement.
Pharmacovigilance : la remontée des incidents post-vaccination est une obligation légale.
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