LA VISITE D’ÉLEVAGE CANIN : INTÉRÊTS ET MODALITÉS
FRANÇOISE LEMOINE
DV
CHV Atlantia - 22 rue Viviani - 44200 NANTES
La législation relative aux activités liées aux animaux de compagnie règlementées par l’article L214-6 du Code Rural a fait l’objet de nombreux remaniements depuis le décret N° 2008-871 du 28 août 2008. Les annexes de l’arrêté du 3 avril 2014 qui en sont l’aboutissement, fixent définitivement les règles sanitaires auxquelles doivent satisfaire ces activités et leur mise en pratique.
Elles impliquent le vétérinaire à deux niveaux : la surveillance des élevages, pensions, refuges… et la certification de bonne santé lors de vente de chatons. La grande diversité des élevages en fonction du nombre de reproducteurs, des races élevées, de la finalité de l’élevage (passion ou rentabilité)… impose une adaptation au cas par cas du protocole que nous allons proposer destiné aux structures "importantes" canines ou félines mais qui peut le plus peut le moins.
INTÉRÊTS
Les objectifs du législateur sont : le respect du bien-être animal, la protection de l’acheteur d’un chaton (qui est en droit d’exiger un animal en bonne santé et bien socialisé), la protection de l’environnement et éventuellement des personnels employés dans les structures d’une certaine importance Ces visites annuelles systématiques constituent une nouveauté tant pour les éleveurs que pour les vétérinaires. En aucun cas ces visites se substituent aux contrôles des DDPP. Leur but n’est nullement répressif mais elles sont l’occasion de faire un bilan sanitaire du cheptel et de proposer des améliorations via des solutions réalisables pour l’éleveur.
RÉPONSE À UNE OBLIGATION LÉGISLATIVE
A cet effet, tout propriétaire de chiens et/ou de chats produisant une portée par an ou plus est un "éleveur" au regard du Code Rural et à ce titre est tenu de faire contrôler son élevage deux fois par an par un vétérinaire sanitaire de son choix.
RELATION VÉTÉRINAIRE-ÉLEVEUR
La facilité de déplacement des animaux et les pratiques de la médecine vétérinaire des carnivores domestiques font que souvent votre vétérinaire connaît vos animaux mais rarement votre structure.
Bien conduites ces visites constituent une opportunité extraordinaire pour établir avec les éleveurs une relation de confiance et pour aider à optimiser les résultats de l’élevage par une prise en charge globale.
L’HEURE DES BILANS
Même si ce terme est parfois mal accueilli, comme dans toute entreprise il est important de faire régulièrement un point les évènements sanitaires, la reproduction, les mouvements d’animaux,…
- Mouvements des animaux
Les études montrent que la dissémination des maladies en élevage félin est liée dans 32% à l’introduction et de 25% lors de réintroduction d’animaux. Le respect des quarantaines est fondamental.
- Bilan sanitaire
Les différentes pathologies présentées par les animaux s’égrainent tout au long de l’année ou du semestre. Certaines sont prises en charge directement par l’éleveur. Ces visites sont l’occasion de faire un point sur des pathologies évoluant à bas bruit mais dont l’impact sur les résultats de l’élevage sont plus conséquents qu’ils le laissent apparaître.
- Bilan reproduction
Cette visite est l’occasion de faire le bilan reproducteur du cheptel (taux de fertilité, prolificité,…), dystocies, pathologies peri-partum, mortinatalité mais aussi le point sur chacun des reproducteurs présents à l’élevage.
MISE EN PLACE DE PROTOCOLES
La rédaction et l’affichage de protocoles sont obligatoires. L’historique, le fonctionnement de l’élevage permet après discussion la mise en place d’une prévention médicale et sanitaire des affections parasitaires, bactériennes, virales. Suivis de reproduction, appréciation de l’alimentation (déterminante pour la santé des animaux). Protocoles d’élimination d’éventuelles tares héréditaires susceptibles d’affecter certaines races. Ces différents problèmes médicaux, sont traités par les différents intervenants du congrès.
RÉDACTION ET MISES À JOUR DU RÈGLEMENT SANITAIRE
La (les) première(s) visite(s) est souvent l’occasion de préparer ou affiner le règlement sanitaire. Ce règlement se doit d‘évoluer non seulement avec les données propres de l’élevage mais aussi la législation en vigueur et les données acquises de la science.
MODALITÉS DE LA VISITE
PRÉALABLES
La visite a lieu à l’élevage !
Pour l’éleveur
Afin d’optimiser la venue du vétérinaire, l’éleveur pourra préparer cette rencontre à l’aide d’un document de prévisite fourni par son vétérinaire.
Pour le vétérinaire
Le vétérinaire est potentiellement, de par son activité porteur de germes. A minima il endossera des sur chaussures voir une combinaison jetable. Il est toujours être accompagné d’une personne connue des animaux lors de la visite.
AUDIT DES INSTALLATIONS
Les élevages sont très hétérogènes, les soins à apporter à un Husky ou à un Carlin ne sont par exemple pas les mêmes. La standardisation n’existe pas en élevage canin ; pourtant certains grands principes sont à respecter tant pour les installations que pour le milieu ambiant. Le vétérinaire apprécie le respect de la sectorisation et de la marche en avant. La nurserie étant un point stratégique de l’élevage, son observation doit être très rigoureuse, ainsi que la conformité des locaux (surface, facilté de nettoyage)… en veillant au respect du bien-être animal. La visite se terminera par l’infirmerie et la quarantaine.
L’ensemble de ces installations et dispositifs doivent faire l’objet d’une surveillance quotidienne et d’un entretien régulier dont les moyens de mise en oeuvre sont appréciés lors de la visite. Il en est de même des procédures de secours qui doivent être prévues afin de préserver la vie des animaux en cas de panne des équipements nécessaire à leur bien-être. Des instructions claires concernant les dispositions à prendre en cas d’urgence sont connues et affichées bien en vue du personnel.
AUDIT DE L’ÉTAT SANITAIRE ET DE LA CONDUITE DE L’ÉLEVAGE
Les sept principaux points à vérifier sont :
• Antécédents cliniques et tares génétiques
• Etat d’entretien des animaux (aspect général, BCS, poil, selles)
• Gestion de la reproduction (âge de mise à la repro, fréquences,
suivis de chaleurs et gestation,….)
• Alimentation et abreuvement (respect d’une alimentation catégorielle)
• Prophylaxie sanitaire : respect des 8 commandements :
1-Seule une surface propre et dégraissée peut être désinfectée
2-Aucun produit n’est à la fois détergent et désinfectant
3- Respect de la marche en avant : maternité, jeunes, adultes, annexes
4-Lutte contre les nuisibles
5-Ventilation et combat des mauvaises odeurs
6-Vide sanitaire
7-Respect de la quarantaine
8-Contrôle des mouvements dans l’élevage
• Prophylaxie médicale (vaccins, antiparasitaires,…)
• Socialisation
AUDIT DU PERSONNEL
Le texte de loi dit qu’il incombe au vétérinaire de : "S’assurer de la présence en nombre suffisant de personnels adaptés à la fonction en particulier qu’il y ait au moins un capacitaire au contact des animaux et s’assurer de l’absence de mise en danger des personnels et du public."
En aucun cas, le vétérinaire n’est un inspecteur du travail.
AUDIT DES DOCUMENTS D’ÉLEVAGE
Les documents obligatoires sont au nombre de trois :
• Registre des entrées et des sorties
• Livre de suivi sanitaire
• Documents d’accompagnement à la vente dans lesquels le vétérinaire occupe une place importante.
Les deux premiers doivent être paraphés par le vétérinaire lors de la visite d’élevage et le second doit être rempli par le vétérinaire lors de ses interventions.
Lors d’inspection par la DDPP les documents d’élevage sont toujours contrôlés dans le moindre détail et en priorité.
Afin d’optimiser la gestion de l’élevage certains documents sont recommandés : Fiche individuelle par animal et fiche d’élevage.
Il est fort intéressant de les analyser annuellement dans le cadre d’une de ces visites.
CONCLUSION
Les temps forts de la visite d’élevage doivent permettre au duo éleveur/vétérinaire de faire le point sur la conformité vis-à-vis de la réglementation de l’élevage et de trouver des solutions réalisables afin de corriger les imperfections, mais aussi de tout faire pour améliorer la qualité des chatons produits sur le plan sanitaire et la socialisation via une adaptation des prophylaxies médicale et sanitaire.
Un rapport écrit indispensable offrira une synthèse des différents points abordés et fixera un (maximum deux) points à travailler avant la prochaine visite.
DÉCLARATION PUBLIQUE D’INTÉRÊTS SOUS LA RESPONSABILITÉ DU OU DES AUTEURS : Non communiqué
Synthèse de la table ronde du 22 novembre 2017:
Ce document s'intitule "LA VISITE D’ÉLEVAGE CANIN" mais s'adresse également aux éleveurs félins. Il a été mentionné que les problématiques ne sont pas les mêmes en élevage félin, les contraintes sanitaires étant moindres...
La visite sanitaire a un coût : de 200 à 300€ en général, car c'est une visite qui peut durer de 2 à 3 heures.
Quel vétérinaire choisir pour cette visite ? Celui qui connaît bien l'élevage, ou un autre, avec un regard neuf ? Il vaut mieux choisir le vétérinaire qui connaît les animaux de votre élevage.
Mon vétérinaire traitant peut il effectuer cette visite d'élevage ? Pour effectuer cette visite, il faut être vétérinaire sanitaire. C'est une mission confiée par l'état. Tout vétérinaire ayant fait ses études dans une école vétérinaire française a suivi une formation. Sinon, le vétérinaire peut suivre une formation d'une semaine dans une ENV.
Le vétérinaire sanitaire doit posséder un mandat valable dans votre département.
Il est conseillé de créer une fiche de suivi par animal, et également par portée. Dans cette fiche seront mentionnés les actes (vaccinations, vermifugation) mais également les problèmes de santé même bénins. Elle permettra une bonne analyse de l'état sanitaire de l'élevage, et éventuellement d'appliquer des mesures visant à corriger un souci passé inaperçu !
Eleveur dérogataire : pas de visite !
Les 2/3 des éleveurs félins référencés ont de 1 à 3 portées par an.
Une annexe du règlement indique qu'à titre dérogatoire, les chatteries qui hébergent au plus 9 chats de plus de 10 mois sont tenues à une seule visite annuelle.
Il faut noter qu'en cas de problème sèrieux, le vétérinaire sanitaire pourrait imposer une contre visite pour vérifier la prise en compte de mesures indispensables.
La visite sanitaire doit donner lieu à un compte rendu de visite dans le livre de suivi sanitaire.
La visite sanitaire peut déboucher sur une modification du règlement sanitaire de la chatterie.
En cas de conflit avec la DDPP, le vétérinaire sanitaire peut avoir un rôle de médiateur.
Idéalement, votre vétérinaire vous communiquera un document de prévisite, qui permettra un meilleur déroulement de la visite.
Votre règlement sanitaire doit être visible dans votre chatterie ! Il doit préciser les différents protocoles, les numéros d'urgence, ...
Vous devez également laisser à disposition le registre des entrées et sorties, et le livre sanitaire.