Pour cette rubrique, nous avons demandé aux juges félins de s'exprimer sur notre race fétiche, ou de nous apporter une anecdote.
J’ai lu beaucoup de commentaires et d’histoires sur l’origine du « Chat Sibérien ».
Je voudrais au travers de ces quelques lignes vous faire part de mon expérience personnelle qui est antérieure à ce que l’on peut lire traditionnellement.
Loin de moi évidemment, l’envie de remettre en cause tout ce qui a été écrit à propos de cette race apparue, il est vrai, assez tardivement.
Au mois de mai 1985, j’avais été invité à juger en " Union Soviétique " ainsi que deux autres juges : Jean-Paul MAAS (Pays-Bas) juge " all breed " internationalement reconnu et qui est malheureusement décédé depuis de très nombreuses années ainsi que Daniel ROUHART (Belgique) juge " poils longs " n’ayant officié que quelques années.
Nous étions accompagnés par Didier DENAMUR, Président de l’Union Féline Internationale " UFI ", qui avait un partenariat avec le club soviétique et qui a été un des premiers à introduire un Sibérien en Europe Occidentale.
Le club en question s’appelait (il n’existe plus depuis) " Soyouz " et la Secrétaire générale en était Helen SHEVCHENKO qui est depuis juge " all breed " et Présidente de l‘association " MFA ", association regroupant de nombreux clubs.
Il s’agissait du début des expositions félines en Union Soviétique et nous avions été invités durant une semaine pour 2 jours d’exposition. Ce fut, vous vous en doutez, un séjour merveilleux durant lequel une partie importante de notre temps fut consacrée à cette merveilleuse ville qu’est Moscou.
Si je me souviens bien, il y avait environ 200 chats à juger mais sur 2 jours comme cela se pratiquait à l’époque.
Evidemment la qualité n’était pas ce qu’elle était à l’heure actuelle mais le niveau était très satisfaisant.
Nous avions été intrigués mes collègues et moi-même, par la présence dans cette exposition, de cages hors mesures situées dans un coin de la salle et à l’abri des regards.
A la fin des jugements, les membres du Comité nous ont demandé une faveur : ils nous demandèrent si nous pouvions examiner une vingtaine de chats. Chose que nous avons acceptée bien évidemment.
Donc, ils nous emmenèrent dans cet espace où se trouvaient ces fameuses cages. Quelle ne fut pas notre surprise d’y découvrir des chats inconnus de nous et ne correspondant à aucun standard établi.
Il faut dire que ces cages faisaient approximativement 80x80x80 cm avec des barreaux d’un diamètre supérieur à la moyenne. Autre surprise de dimension, les propriétaires avaient tous des gros gants en cuir.
Pourtant ces chats n’avaient pas l’air spécialement agressifs. Toutefois, Jean-Paul Maas et moi-même n’avons pas pris le risque de mettre nos mains dans ces cages.
Tous ces chats étaient de couleur soit Brown Tabby ou Silver Tabby avec ou sans blanc.
La présidente du club " Soyouz " nous a demandé si nous pouvions examiner les chats et :
- d’en dégager les caractéristiques communes,
- de voir ce qui était spécifique,
- ce qui était positif ou négatif,
- ce qui serait intéressant d’apporter à cette race.
Nous ne savions toujours pas de quoi il s’agissait. Ce n’est qu’à la fin de l’exposition qu’on nous a dit que ce chat venait de Sibérie.
Il faut signaler que ce chat n’était pas loin de ressembler au chat sibérien que nous connaissons à l’heure actuelle. Peut-être était-il un tout petit peu plus grand et sa fourrure beaucoup plus dense. Ce chat avait un " look " sauvage et était, il est vrai, un peu difficile à manipuler.
Donc, avec Jean-Paul, nous avons commencé à écrire quelques notes sur les caractéristiques communes à tous ces chats.
Loin de moi l’idée de prétendre que ce fut le premier standard de la race. Il s’agissait seulement de notes destinées aux propriétaires et déjà éleveurs pour leur donner une orientation commune, un avis modeste sur la manière de voir des juges par rapport à une race totalement inconnue.
Le club " Soyouz " ayant disparu peu de temps après, une autre organisation appelée " Kotofey " fut créée et fut à la base de l’expansion et de la reconnaissance de la merveilleuse race.
Ce ne sont que quelques petites considérations sans prétention aucune et qui me rappellent un moment inoubliable dans ma carrière de juge félin.
Une photo prise lors du banquet de cette exposition de Moscou 1985.
On reconnait ( ???) de droite à gauche : Helen Shevshenko, Didier Denamur, Daniel Rouhart et moi-même.